06- Philippe Nahon ou le rendez-vous manqué.

Publié le par El Direkktor

Il me manquait un personnage, ou plutôt un acteur pour le rôle du contrôleur de nuit. Le type qui vient vérifier à trois heures du matin si les gardiens ne sont pas endormis ou partis je ne sais où. Dans le scénario, le contrôleur est un type démoli, la cinquantaine ou plus, divorcé de longue date, ex-père de famille alcoolique qui n’a plus le droit de visite sur ses gosses. C’est également lui explique pourquoi Seb doit maintenant tourner seul à ce poste plutôt qu’en duo. Il lui explique les vraies raisons pour lesquelles le second gardien s’est fait mettre à la porte. (le second gardien que Seb devait retrouvé plus tard, changé en taxi-boy).
Le rôle était assez épais malgré le peu de timing octroyé dans la durée totale du film. Un seul type, pour moi,  faisait l’affaire: Philippe Nahon, dont tout le monde connaît la superbe prestation dans « seul contre tous » de Gaspar Noé.  
C’était décidé: ce serait Philippe Nahon ou rien.



Par le biais de voix officieuses que je tairais ici, je fini par obtenir son numéro de téléphone personnel. Je prends mon portable et une bonne aspiration. J’ai le traczir. Je suis peu habitué à ce genre de requête et j’ai peur de mal m’exprimer.
Je compose le numéro, sonnerie, ça décroche. Une femme, la femme de Philippe Nahon.
Bonjour madame, j’aimerai parlé à Philippe, siouplaît.
Très gentille, elle me dit oui, bien sûr, attendez un instant, je vous l’appelle.
Ça fait crocrok-boum dans l’écouteur quand elle pose le combiné, puis j’entends un long cri:
Phiiiiillllllllllllliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiipppppeeee!!! Tééééélllllééééépphhhhooonnnnneeee!!!!
Venu de plus loin, une grosse voix lui réponds: Oooooouuuuuaaaaiiiis!!!!
La femme reprends le combiné.
– il arrive, hein.
– Oui oui. Merci.
– Allô?…
– Allô, bonjour…
Le ton est super sympa, pas bégueule, pas genre star à deux balles. J’ai à faire à un type bien, sympa, qu’a rien à prouver, surtout à des trous-du-cul, et qui écoute ce qu’on lui dit sans moquerie et cynisme du genre: « ah! Encore un qui m’appelle pour un court » ou « font chier ces petits cons »! Non. Je lui explique tout dans les grandes lignes, j’appuie sur le fait que j’ai déjà commencé à tourner, ce qui rassure généralement. Je parle de Frémont qu’il connaît bien, de Prestia qui est prévu et avec qui il a eu l’occasion de jouer dans « irréversible ». Je tente au mieux de pas passer pour un tartuffe français débutant de base et la sauce à l’air de prendre.
Je ne me souviens plus très bien de ce qu’on s’est raconté, chacun à un bout du fil (ou des ondes) mais ça à duré un bon moment. Jamais il n’a cherché à m’expédié ou écourter prématurément la conversation. Il me raconte que s’il ne peut pas jouer dans mon film, c’est purement pour des questions de dates et de disponibilité en général. Il insiste sur le fait qu’il ne refuse pas par snobisme envers les formats courts, au contraire. Il vient encore d’en boucler un et c’est le sixième en moins de six mois! On l’appelle « monsieur court-métrages » à ce qu’il me dit.
Bref, ce sera impossible et c’est un vieux rêve qui fout le camp!
Il y aurait bien une journée par-ci ou par-là mais il partage son temps entre la Bretagne et Paris pour un téléfilm et je ne me voit pas lui forcer la main pour obtenir deux ou trois heures à l’arrachée. Il n’a plus vingt ans et je tiens pas à l’emmerder plus que ça.
Pour plus tard? Pas possible non plus. Il doit partir pour quatre mois à la réunion pour un tournage. C’est vraiment râpé! Tant pis. Dommage.

Mais bon, je vais pas faire comme l’ineffable Jean-Pierre Mocky à proclamer ouvertement que « qu’il a fréquenté » Clint Eastwood simplement parce qu’il lui à serré une pogne!
Non. Je parle ici de Philippe Nahon  non pas parce qu’on a tailler le bout de gras 20 minutes au téléphone amis juste pour dire que c’était un vieux rêve que j’aurai pu amener à terme si je m’y étais prit un peu plus tôt. C’est pas grand chose mais c’est toujours ça!

 

Publié dans vaincre.lefilm

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